Des nouvelles de la forêt en quarantaine

01-04-2020
Il y a longtemps que je n'ai rien écrit. Mais voilà je suis en quarantaine comme une grande partie du monde, alors, assise devant mon bureau, je vous donne quelques nouvelles.

Tokyo, Paris, Milan, New York, Marseille ou la forêt tropicale, tous nous avons en tête le même souci qui nous empêche de sortir et de nous retrouver. J’avais prévu d’être avec les artisanes en ce moment pour collecter tous les masques élaborés ces derniers mois, payer chaque artisane personnellement, rencontrer les enfants, le père de l’église catholique et son association …. Je devais rencontrer Jésus et Yamisel mes meilleurs amis là-bas et connaître la petite Alessandra, leur premier bébé, une nièce pour moi, la tía de Europa comme dit Jésus. J’avais préparé des petits cadeaux pour tous. J’ai dû défaire ma valise et je ne l’ai fait que plusieurs jours après la date de départ prévue. C’était incroyable. D’ailleurs j’ai tout de même gardé prêt mon sac de voyage prêt avec les affaires essentielles à ce long vol et tous les cadeaux sont dans un carton à côté. Je suis prête à repartir dès que possible. Les pays d’Amérique centrale et Amérique latine ont pris très vite des mesures drastiques, fermant les aéroports et les frontières. Actuellement les personnes sont aussi confinées depuis une semaine. En forêt cela n’a pas le même sens que pour nous mais les indigènes ne sont pas autorisés à sortir des villages, ils ne peuvent pas aller cultiver la terre à l’extérieur comme ils le font habituellement. Tout est réglementé, contrôlé. Je communique avec eux. Avant leur confinement j’avais envoyé par l’intermédiaire de mon ami Jésus de l’argent pour une première distribution et j’ai transmis le message que je ne pourrais pas me déplacer jusqu’à nouvel ordre. Comme mon voyage a été annulé au tout dernier moment, certaines femmes s’étaient déjà rendues dans les villages que je visite et elles m’attendaient. J’ai pu les payer intégralement grâce à l’aide de Jésus et elles ont pu repartir très vite. Tout est suspendu pour le moment, mais nous sommes en contact autant que faire se peut. Dans chaque village il y a au moins une personne ou deux qui possède un téléphone et nous restons en contact. Comment ? Et bien je demande à des amis à Panamá City d’acheter des cartes de téléphone et de me donner le code au dos de la carte pour recharger le portable. J’envoie une photo et hop le tour est joué, nous avons des datas pour quelques temps, au moins là où les réseaux fonctionnent! Jusqu’à maintenant aucun cas n’avait été détecté dans la région mais aujourd’hui j’ai appris qu’on avait annoncé ce matin que deux personnes ont été testées positives, alors que la quarantaine a été instaurée il y a une semaine. Compte tenu du mode de vie des indigènes, si le virus apparait dans ces villages, la contamination risque d’être très importante.