Au Panama, hommes et femmes sont autorisés à sortir de façon alternée, les femmes : le lundi, mercredi et vendredi, les hommes mardi et jeudi; le samedi et le dimanche personne ne sort.
Chaque personne est autorisée à sortir une heure par jour, l’heure étant fixée selon le numéro d’identification national de chacun, c’est le dernier chiffre qui détermine l’heure à laquelle vous pouvez vous rendre au supermarché et/ou à la pharmacie.
De plus, Panama est en « ley seca », ce qui signifie que la vente et la consommation d’alcool sont interdits depuis le début du confinement.
J’ai demandé à mes amis comment cela était vécu en ville et notamment dans les quartiers les plus pauvres. Bien entendu, la police est partout et de nombreuses interpellations ont lieu pour infractions et trafic d’alcool, entre trois cents et quatre cents détentions chaque jour me disait une amie tout récemment.
Dans la forêt les indigènes patientent. Aucun cas de Corona virus n’a été détecté à ce jour dans la région dans laquelle je travaille, mais la réglementation est la même que dans les villes.
Seul le gros village de Meteti, situé sur la route transaméricaine et où je fais régulièrement étape, dénombre quelques cas positifs.
Mais côté Colombien, j’ai appris aujourd’hui que trois personnes sont mortes dans les villages indigènes proches de la frontière, il s’agit de la partie la plus pauvre du pays et le gouvernement colombien s’inquiète de cette situation.
Dans tous les villages, les populations indigènes sont soumises au même contrôle que dans la capitale, Panama city. Tout le monde dispose d’une heure pour aller à la rivière et les hommes sont autorisés à se déplacer pour l’agriculture, chacun produisant à proximité du village quelques légumes pour la famille.
La rivière est là, tout près. C’est le lieu de vie, on s’y lave, on utilise l’eau pour boire et cuisiner, on y lave le linge et le gibier et en temps normal on entend les rires et les cris des enfants qui passent le plus clair de leur temps à jouer dans l’eau.
Les villages sont tous établis au bord des cours d’eau, seule voie de circulation.
Dans chaque village indigène il y a un poste de police. Ces policiers spécialement entraînés à la surveillance de cette frontière avec la Colombie sont aujourd’hui aussi chargés de surveiller l’application de cette loi exceptionnelle. On reste chez soi, dans les cabanes de bois, en général entre trois et quatre générations sont regroupées là.
Benicio me disaient ces jours que les femmes m’attendent, tout s’est interrompu quelques jours avant mon arrivée, tout semble resté en suspens.
Il me disait qu’elles profitent de ce temps accordé pour continuer à tisser des masques, en tout cas pour celles d’entre elles qui ont encore du matériel pour le faire.
Je ne veux pas être inquiète et penser : Que va-t-on faire de tous ces masques? Allons-nous retrouver nos clients ?
Alors je pense : Bientôt je serai de nouveau là-bas et je vais être émerveillée comme toujours par les nouveaux masques qui m’attendent, le sourire des femmes et le rire des enfants. Et nous serons encore plus heureux de nous retrouver et de recommencer.
Tout ira bien.