Après avoir géré en France et pendant dix ans des projets pilotes de la Communauté européenne en faveur des artisans et notamment des artisans d’art, Corinne ouvre une galerie en Espagne.
Huit ans après l’ouverture de cette galerie, ce sont à la fois la littérature et l'art qui la conduisent en Amérique centrale.
Ce voyage, décidé après la lecture d’un livre, va donner un nouveau tournant à sa vie.
Très vite, elle est frappée par la beauté et la singularité de l’art Embera totalement méconnu. Un art transmis par les femmes indigènes au cœur dela jungle sauvage du Darién.
« Parce que j’aime et je recherche la beauté et la noblesse, j’ai choisi de travailler avec les femmes indigènes d’Amérique centrale, des magiciennes, détentrices d’un merveilleux savoir-faire. »
En 2012, elle décide de fermer sa boutique-galerie en Espagne pour se consacrer entièrement à cet aspect très spécifique de l’art indigène.
Personne n’a jamais travaillé avec les tribus Embera au cœur de la jungle d’Amérique centrale. Il s’agit d’une des régions les plus dangereuses au monde, inhospitalière et d’accès très difficile. La relation que Corinne a établie avec les tribus Embera est donc extraordinaire. Là-bas elle est attendue, entourée et protégée.
Ne disposant pas d'atelier, Corinne Bally travaille directement avec les femmes indigènes en se rendant régulièrement sur leurs lieux de vie et en vivant avec les artisanes, au sein même des familles, partageant leur quotidien.
Ce projet est totalement atypique, basé sur l’observation, le respect et l’échange, tenant à la fois du travail anthropologique et et de la sauvegarde d’un patrimoine culturel..
Au fil des ans, cette relation hors norme a permis de développer une véritable collaboration.
Origines ancestrales de ce savoir-faire, rites magiques liés à la fabrication des masques... À l'exception du français Michel Perrin avec qui elle entre très vite en contact, peu d'ethnologues se sont penchés sur la production de ces petites tribus au mode de vie préservé ; elle devra donc rechercher sur place l'origine et les significations oubliées de cet art, repérer aussi les meilleures artisanes pour leur confier des commandes spécifiques.
Elle établit également une relation avec un anthropologue d’origine indigène avec qui elle recense actuellement les mythes, légendes et rituels de la culture Embera.
Il y a quelque chose de magique dans ce projet qui nous apporte au travers de chaque objet l'essence et la beauté d'un travail extraordinaire chargé de sens et riche de symboles.
Chaque pièce vendue est non seulement la reconnaissance d’un incroyable savoir-faire, mais contribue aussi au maintien de ces femmes et de leurs familles dans leur habitat traditionnel, loin des grandes agglomérations.
Après avoir permis de faire perdurer et mettre en lumière un savoir-faire méconnu et menacé, cette collaboration hors norme permet dorénavant à des pièces d’art extraordinaires de voir le jour.
Les masques créés tiennent désormais à la fois, de la magie du rituel chamanique de ce peuple et de la création artistique que Corinne encourage en canalisant l’énergie de chaque artisane qu’elle connaît personnellement.
Elle va travailler sur les mythes, les rêves et l’inconscient collectif de ces tribus animistes et collaborer plus spécifiquement avec certaines artisanes chez lesquelles elle décèle un véritable don, don artistique et don de clairvoyance aussi.
Ce travail en osmose avec les femmes indigènes a permis au fil du temps la création de nouveaux coloris, nouvelles formes et dimensions. Ce sont des projets ambitieux pensés pour la décoration.
Ces masques sont de véritables œuvres d’art, à mi-chemin entre l’art moderne et l’objet rituel.
Pas d’images, pas de croquis, car ils ne font pas partie de la culture Embera et les femmes ne savent pas les interpréter, mais des mots, des échanges et une grande compréhension mutuelle. On parle de rêves, de mythes, d’esprits malins, de l’esprit de la rivière ou de celui d’un disparu.
Corinne s’inspire des légendes et du vécu et propose à l’artisane la réalisation d’un projet avec certaines caractéristiques.
Au fur et à mesure de son élaboration, la communication et la complicité entre la designer et l’artisane seront constantes et guideront le travail.
Réalisés au cœur de la jungle, ces masques sont l’aboutissement d’un projet suggéré par la créatrice et imprégné, marqué par la culture et l’imaginaire de l’artisane.
À force de séjourner dans la même région sauvage, Corinne aborde peu à peu d’autres communautés indigènes et découvre des objets rituels ou quotidiens à incorporer dans ses collections. Elle rallie à son projet des petits groupes d’indigènes, heureux de collaborer avec elle et qui lui enseignent les secrets de leur culture, tels que les Woonan et les Kuna qui vivent dans la même région que les Embera.
Peu à peu, des objets d’art sacrés rejoignent les collections de masques. Les masques eux-mêmes se prêtent à de nouvelles créations artistiques, comme les colliers talismans.
C’est à ce moment que Corinne rencontre également Manel Galià, sculpteur. Tout comme la première fois qu’elle voit les masques, Corinne est fascinée par le travail de cet artiste solitaire, lui-même est touché par la puissance des masques.
Être capable de s’émerveiller, s’arrêter au bon moment et au bon endroit, reconnaître et accepter son intuition.
C’est un tournant pour Corinne qui pose un nouveau regard sur l’art et mêle la magie des masques à l’univers onirique et sensible des sculptures, ainsi qu’à l’enchantement de l’art sacré indigène.
Le sens de la beauté, le respect des traditions, une grande expérience et une énorme sincérité sont au cœur de tout ce cheminement.
Corinne Bally est titulaire d’une maîtrise de Lettres et d’une maîtrise de Communication Internationale de l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand.
Elle travaille pendant douze ans en France au service des artisans dans le cadre des tous nouveaux programmes de coopération de la Communauté Européenne.
Elle crée sa galerie d’art et d’artisanat à Valencia (Espagne) en 2006, puis en 2012, c’est la naissance de Ethic & Tropic qui évolue au fil des ans grâce à beaucoup de créativité et de constance.